Syrie : la Russie et le régime de Bachar Al-Assad mènent "une guerre d'extermination"
Nicolas Tenzer, professeur à Sciences Po, accuse sur franceinfo la Russie de vouloir "tuer tout ce qui peut être tué" à Alep. Il explique que "seuls les États-Unis peuvent intervenir, l'Europe ne peut vraiment rien faire".
Alep est sous les bombes des avions russes et du régime de Bachar Al-Assad. La communauté internationale semble impuissante alors que les habitants de la ville du nord de la Syrie appellent à l'aide. Nicolas Tenzer, président du Think Tank Cerap et professeur à Sciences Po, a accusé mardi 4 octobre sur franceinfo la Russie de vouloir "tuer tout ce qui peut être tué". Il a dénoncé la "faillite stratégique des Etats-Unis".
#Syrie "Il y a une faillite stratégique des Etats-Unis (...) comme puissance capable de garantir la paix" https://t.co/Saz8JMVjF2
— franceinfo (@franceinfo) 4 octobre 2016
franceinfo : Dans une tribune dans Libération vous évoquez une "guerre d'extermination"...
Nicolas Tenzer : C'est bien une guerre d'extermination, on frappe délibérément. Les frappes russes et les frappes du régime visent des enfants, des civils, des marchés, des hôpitaux, des sauveteurs. Il y a une volonté de tuer tout le monde. De tuer tout ce qui peut être tué (…) Cela renvoie la communauté internationale à une impuissance totale, qui correspond à une réalité. Face à une puissance aussi forte que la Russie, seuls les Etats-Unis peuvent intervenir, l'Europe ne peut vraiment rien faire.
Les Etats-Unis ont suspendu les discussions bilatérales avec la Russie. Qu'est-ce que cela va changer ?
Cela ne change absolument rien pour les Russes. Toutes les discussions, toutes ces négociations dans lesquelles les Américains n'auraient jamais dû s'engager, n'ont abouti à rien, sinon à renforcer les positions russes. C'est le cas de la dernière trêve [le 12 septembre], qui n'a pas été plus appliquée que les autres. C'est une faillite stratégique des Etats-Unis.
Obama n'aurait-il pas raté le coche en 2013 ?
François Hollande avait pris la bonne décision. (...) Il y avait des crimes contre l'humanité qui avaient été commis (…) Il fallait y aller, Barack Obama avait donné son accord et, on le sait, il l'a retiré après. Ensuite, il s'est enlisé dans des négociations sans aucun sens. Concrètement, chaque seconde, chaque minute, chaque mois qui passe, ce sont des milliers voire des centaines de milliers de morts.
Comment empêcher que le massacre continue en Syrie ?
La seule solution, ce n'est pas d'armer les rebelles, c'est d'empêcher que les avions de la Russie et du régime d'Assad survolent Alep et les autres villes. (…) C'est d'empêcher qu'ils puissent décoller et, donc, prendre le risque d'une confrontation avec la Russie. Ce qui se passe en Syrie actuellement est peut-être le pire évènement depuis la Seconde Guerre mondiale. Il y a eu des crimes bien pires en nombre de victimes, mais là c'est un changement stratégique. Pour la première fois, on a un membre permanent du Conseil de Sécurité qui est un État criminel. On est face à un criminel de guerre. Il faut le dire en ces termes. On ne peut pas dire : "On va négocier avec Poutine". C'est quelqu'un qui a du sang sur les mains.
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